ACT’supply est un projet collaboratif innovant qui vise à améliorer les conditions de travail des métiers de la supply chain, de la logistique et du transport. Comment ? En approfondissant la façon dont les exigences des clients ou les contraintes des fournisseurs impactent aussi le travail. Le projet souhaite rendre les entreprises autonomes pour enclencher le dialogue avec leur client et fournisseur dans le but d’améliorer les conditions de travail. D’ici 2024, l’objectif est de construire un ensemble d’outils pragmatiques.
Supply chain : un appel commun à l’amélioration des conditions de travail
La supply chain regroupe l’ensemble des entreprises et des fonctions qui permettent de concevoir, fabriquer et distribuer le bon produit, au bon endroit, au bon moment et au bon prix. Elle s’étend depuis le fournisseur du fournisseur (amont) jusqu’au client du client (aval).
Dans la supply chain cela a ainsi toujours été le cas : les décisions en amont se répercutent sur l’aval et inversement. Dans certains cas, ces décisions peuvent détériorer les conditions de travail : les exigences temporelles qui peuvent générer du stress, les types de conditionnements qui peuvent générer de la manutention supplémentaire, les flux d’informations qui peuvent amener à des erreurs, etc.
Nous les appelons les « causes externes ».
Pour fidéliser les équipes, réduire les départs et augmenter l’attractivité des métiers, l’amélioration des conditions de travail se présente comme une solution puissante dans la supply chain. L’analyse de ces causes externes est alors essentielle.
Pour réaliser ce projet, une hypothèse a été formulée : celle que peu importe le profil ou le secteur d’activité des entreprises de la supply chain, les causes qui impactent les conditions de travail seront partagées. Effectivement, dans les différentes entreprises pionnières du projet, les premiers témoignages résonnent et laissent apparaître des similarités.
- Les caractéristiques de lieux de livraison, comme la facilité d’accès ou l’encombrement des espaces, peuvent générer des efforts physiques importants, des risques de chute ou de dégradation, ou encore du stress ;
- La gestion des demandes client imprévues, car modifiée à la dernière minute ou parce que le client n’est pas sur place pour récupérer la marchandise, peuvent générer de la surcharge de travail, avec des conséquences mentales et physiques à tous les maillons, voire aussi de l’insatisfaction client ;
- Le conditionnement des matières premières, parfois suremballées ou dont l’emballage n’est pas adapté aux contraintes de production, peuvent générer de la perte de temps comme de la manipulation supplémentaire.
Ces entreprises ont pourtant des profils variés : des activités de production, de transport ou de distribution. Les secteurs d’activités sont divers, les tailles d’entreprise et la localisation en Bretagne leur sont propres.
Ces constats partagés forment une base solide pour les analyses du projet.
Au-delà des évidences : ACT’supply identifie les causes externes qui impactent les conditions de travail
Face aux causes externes, les entreprises peinent à agir. Ce n’est pas habituel de parler conditions de travail avec son client ou son fournisseur. De plus, cela pourrait nuire aux délais, à la qualité de leurs produits, au marketing de leurs produits, ou encore il n’y aurait pas de client ou de fournisseur comparable. Pourtant :
Quand on étudie les conditions de travail en transport, logistique ou supply chain, on estime que 50% des causes de dégradation des conditions de travail sont liées à des exigences clients ou des contraintes fournisseurs, et sont donc des causes externes à l’entreprise.
Atelier BSC « Collaborer pour prendre soin de ses collaborateurs« , estimation produite et partagée par 21 entreprises, octobre 2022
L’étude des causes externes se présente alors comme un levier puissant d’amélioration des conditions de travail pour 3 raisons :
- Ces causes sont récurrentes et partagées par les différents maillons de la chaîne logistique ;
- Elles ne sont pas encore systématiquement exploitées dans les démarches santé et sécurité ;
- Elles sont identifiables et exploitables dans le cadre d’un projet d’intelligence collective.
La première étape du projet est alors de faire un état des lieux des situations de travail actuelles par ce prisme innovant des causes externes.
L’entreprise d’ergonomie ERGOTEC a réalisé pendant les deux premiers semestres 2023 des diagnostics ergonomiques dans les 9 entreprises pionnières du projet afin d’identifier une première liste de causes internes et externes fréquentes dans ces métiers.
Découvrez le retour des ergonomes sur ce projet innovant.
Travailler ensemble pour mieux travailler : des outils pour enclencher le dialogue avec son client ou son fournisseur
A l’aide de cette liste de causes, le projet ACT’supply souhaite rendre les entreprises autonomes dans l’amélioration de leurs problématiques identifiées.
Pour cela, il est nécessaire pour elles de :
- Comprendre les processus des clients et fournisseurs ainsi que ceux de la santé et sécurité au travail ;
- Communiquer aisément avec les interlocuteur.ice.s, notamment en partageant un même langage ou les mêmes références ;
- Identifier les impacts sur les conditions de travail et remonter à leur origine interne, externe, ou les deux ;
- Analyser les situations de travail à risque pour les améliorer avec l’aide des clients et fournisseurs.
Pour permettre aux entreprises cette autonomie, des outils pragmatiques sont prévus d’ici décembre 2024.
Ces outils sont basés sur les analyses ergonomiques des entreprises, les besoins des professionnel.le.s participant.e.s et les retours d’expériences d’un réseau de partenaires variés : fédérations, syndicats, groupes de travail BSC.
En parallèle, le projet ACT’supply sensibilise et éclaire sur les conditions de travail aux travers d’articles et de post sur les réseaux sociaux.
A l’origine : renforcer la performance par l’amélioration des conditions de travail
En 2016, le projet Perspectiv’Supply a été mené par la Carsat Rhône-Alpes et le cluster logistique PIL’ES. L’objectif était déjà de faciliter les expérimentations dans la filière agro-GMS pour assouplir les contraintes liées à la détente des flux, les palettisations et les emballages.
Au fil du temps, les acteurs impliqués ont élargi les thématiques de travail :
En Bretagne, le projet a démarré en 2018 en s’appuyant sur la méthodologie imaginée en Rhône-Alpes et sur les premiers enseignements. Des travaux ont été engagés sur la détente des flux, les horaires de commande et la palettisation.
Dans le réseau de Bretagne Supply Chain, d’autres entreprises ne faisant pas partie de la filière agro-GMS ont ainsi remonté des problématiques similaires. Une hypothèse a alors émergé : celle de dire que peu importe le secteur d’activité, toutes les entreprises de supply chain rencontreront les mêmes causes externes.
Suite de l’appel à projet « FACT sectoriel 2022 : Agir sur les conditions de travail dans la filière logistique » le projet ACT’SUPPLY a été créé avec l’opportunité de donner une plus grande envergure aux ambitions partagées entre Bretagne Supply Chain, la CARSAT Bretagne et la DREETS Bretagne sur le territoire.
Ils et elles témoignent
Dans certaines entreprises du territoire, des actions ont déjà été mises en place pour améliorer les conditions de travail des salarié.e.s en travaillant avec les clients et les fournisseurs. Il et elles témoignent en vidéo.
Découvrez tous les témoignages sur la chaîne youtube de Bretagne Supply Chain : retour d’expérience de Meralliance et témoignage de la Scarmor.
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