Publié le 4 octobre 2019
Point d’étape en octobre 2019 en Bretagne avec les pilotes du projet Perspectiv’Supply, Gaëlle Biard et Alexandra Pézim de la Carsat Bretagne et Elodie Le Provost de Bretagne Supply Chain.
Quel est l’état des lieux en Bretagne ?
Alexandra Pézim : Les statistiques produites par la Carsat Bretagne corroborent nos ressentis sur le terrain : des maillons de la chaîne des produits frais (industriels, transporteurs, plateformes de la grande distribution ou magasins) rencontrent chaque jour des difficultés techniques, humaines et/ou organisationnelles qui peuvent impacter les conditions de travail. Et ces difficultés sont parfois liées à des décisions des clients ou des fournisseurs, sur lesquelles un maillon ne peut pas agir seul.
Elodie Le Provost : Très concrètement, ces difficultés se traduisent sur la performance globale par un taux de service dégradé, des taux de casse produit ou de freinte importants, des litiges à gérer, une augmentation du niveau de stress des équipes, des manutentions sans valeur ajoutée, une augmentation des coûts logistiques et des kilomètres parcourus, des insatisfactions et des tensions entre les maillons,… et in fine des difficultés à recruter.
Gaëlle Biard : Et lorsque le fonctionnement en urgence ou plus largement « en mode dégradé » devient le quotidien, on voit augmenter le nombre d’accidents du travail ou de maladies professionnelles : Troubles Musculo Squelettiques, épuisement professionnel, risque routier… Globalement, à l’échelle de la filière des produits frais, un changement est nécessaire.
Dans les prochaines semaines, nous accompagnerons les industriels, transporteurs, plateformes et magasins volontaires pour passer à l’action.
Elodie Le Provost, déléguée générale de Bretagne Supply Chain
Comment amorcez-vous le changement ?
Alexandra Pézim : La première étape a été de constituer un groupe de travail représentatif pour partager un état des lieux factuel et prioriser les chantiers. Nous sommes actuellement à la fin de cette première étape et la vingtaine d’entreprises mobilisées ces derniers mois posent déjà deux constats. D’une part, les contraintes des uns et des autres sont souvent méconnues : il faut donc communiquer plus et travailler ensemble sur ces questions logistiques et supply chain. D’autre part, les points soulevés dans le diagnostic mené en Rhône-Alpes en 2016 sont également pertinents en Bretagne en 2019 : il s’agira donc de réinterroger notamment les flux tendus (horaires de passation des commandes, fréquences et délais de livraison, gestion des promotions), les palettisations et les emballages.
Elodie Le Provost : Dans les prochaines semaines, nous accompagnerons les industriels, transporteurs, plateformes et magasins volontaires pour passer à l’action, pour tester ensemble de nouveaux processus, de nouvelles manières de traiter l’information, de nouveaux repères communs. Nous démarrerons par la détente des flux, qui est aujourd’hui la priorité du groupe de travail puis nous élargirons ce groupe de travail et les thématiques traitées en fonction des besoins et attentes des participant·es.
Gaëlle Biard : En effet, cette démarche Perspectiv’Supply est innovante à plusieurs titres : nous avons posé le volontariat comme un principe fort d’engagement, ce qui nous permet de co-construire un plan d’actions réaliste et pragmatique ; ensuite, nous nous assurons que les repères communs bénéficient à au moins un maillon sans nuire aux autres ; et enfin, nous garantissons la transversalité de la démarche au sein de la supply chain.
Perspectiv’Supply, « pour » et « par » les entreprises de la filière frais ?
Alexandra Pézim : C’est exactement ça, un projet qui remet le client et l’humain au cœur de la performance des entreprises à court, moyen et long terme.
Elodie Le Provost : C’est aussi un projet collaboratif, parce que face à un client final de plus en plus « volatile, incertain, complexe et ambigu », c’est en travaillant ensemble qu’on tendra vers l’optimum global de la supply chain : le bon produit, au bon endroit, au bon moment, dans les meilleures conditions.
Gaëlle Biard : Ce projet est porté collectivement par des institutionnels (Carsat et Direccte Bretagne) et les réseaux bretons (Bretagne Supply Chain, Produit en Bretagne, Association Bretonne des Entreprises Agroalimentaires) qui s’engagent, financent, promeuvent et animent cette démarche qui est directement au service des entreprises et de leur performance globale.
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