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Stratégie portuaire : comment la Bretagne navigue vers un avenir plus durable et compétitif

Publié le 31 octobre 2023

En septembre, la Région Bretagne a approuvé la nouvelle stratégie portuaire régionale. Quatre axes stratégiques en ressortent et vont concerner les 21 ports du territoire. L’ambition est de décrire les ports bretons comme des leviers de réussites des transitions engagées, tout en respectant les indications du SRADDET, de la feuille de route hydrogène, du SRETS, ou encore du plan européen « Fit For 55 ». Cette stratégie vise à doter la Région Bretagne et ses acteur.ice.s d’une vision à 10 ans.

Une nouvelle stratégie portuaire attendue depuis 2013

La stratégie portuaire régionale porte les ambitions d’un territoire sur les actions à mener dans ses ports. Elle vise à mettre en place une politique portuaire comme feuille de route sur un horizon défini. L’objectif final de ce document est de construire un plan d’actions au plus près des axes stratégique identifiés. Dans le cas de la Région Bretagne, l’horizon de cette stratégie s’étend sur 10 ans et elle est dotée d’actions à réaliser au cours des 5 premières années.

Depuis 2013, la stratégie nationale est restée inchangée et ne prenait donc pas en compte les profondes mutations de ces dernières années. De plus, en 2021 les ports bretons représentent près de 2 % du trafic national, soit l’équivalent du Grand Port Maritime de Bordeaux.

Il est devenu alors essentiel de relancer la compétitivité des 21 ports de Bretagne tout en respectant les indications européennes, nationales et régionales sur le développement durable. Au sein de l’Union Européenne, les objectifs sont de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55% d’ici 2030 et augmenter la part de l’énergie produite à partir de sources renouvelables d’au moins 40% d’ici à 2030. En Bretagne, la cible est de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 65% d’ici 2050 et réduire la consommation d’énergie de 35% d’ici 2040.

Après plusieurs années d’échanges entre tous les acteur.ice.s concernés, la nouvelle stratégie régionale a été approuvée à l’unanimité le 19 septembre dernier. A la fin de l’année 2023, elle sera déclinée dans chaque port pour permettre d’adopter des plans d’actions sur mesure courant 2024. Les différents objectifs nécessiteront de forts investissements : l’enveloppe prévue pour les 7 premières années est de 80 millions d’euros par an.

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Quatre axes stratégiques au service du développement durable et du foncier logistique

Cette stratégie s’oriente autour de plusieurs ambitions collectives :

  • « Les ports, maillons essentiels de la performance des chaînes logistiques » ;
  • « Les ports, outils de développement économique des territoires » ;
  • « Les ports, accélérateurs de la transition écologique » ;
  • « Les ports, moteurs de l’innovation et de la transition numérique ».

De ces ambitions découlent quatres axes stratégiques portés au service du développement et de l’aménagement durable du territoire, intégrant donc la dimension foncière.

« Un port, plusieurs quais » : pour une gouvernance renouvelée

Ce premier axe stratégique se présente en deux temps :

  • La nécessité d’unir les forces des ports bretons pour faire face à tous les défis actuels ;
  • Le besoin d’associer fortement les collectivités locales et les acteur.ice.s du monde économique dans la gouvernance des ports.

En effet, les crises successives que subissent les acteur.ice.s de la supply chain depuis quelques années impactent fortement les organisations. Le défi écologique est urgent, la digitalisation est massive et l’économie est fragile.

De plus, dans les ports, les volumes sont en baisse depuis quelques années. L’import de matière première est la première source économique des ports bretons et est menacé d’érosion.

Enfin, l’industrie de l’énergie se transforme pour laisser une place grandissante aux énergies alternatives au pétrole. Aujourd’hui, le coût du kW produit en mer est quasiment au même que le kW du nucléaire : les ports bretons seront amenés à y contribuer.

L’orientation stratégique est alors la suivante :

  • Penser les ports bretons comme complémentaires, et non concurrents ;
  • Faire fonctionner les acteur.ice.s en réseau pour se compléter et se développer plus rapidement.

« Au service de la transition énergétique » : les EMR et le foncier logistique sur le pont

Ce deuxième axe vise à utiliser les ports comme des leviers de décarbonation mais également pour la localisation et relocalisation des emplois et entreprises sur son territoire.

Les objectifs de réduction de gaz à effet de serre vont inévitablement amorcer une baisse d’activité des dépôts pétroliers des ports de Brest et Lorient.

En plus de l’enjeu écologique évident, il y a donc un enjeu indispensable d’emploi et de maintien de l’activité, en trouvant des relais aux activités historiques. Par exemple, un relai proposé est de développer la filière de construction-réparation navale : bas-carbone, militaire, ou encore pour la maintenance des parcs offshore.

En parallèle, la fin de la vente de véhicules thermiques d’ici 2035 va engager l’augmentation de l’import des énergies décarbonées dans les ports, comme l’hydrogène, ainsi que l’augmentation de la filière vélique.

De ces mutations découlera la cohabitation de ces nouvelles activités avec les activités historiques. La question primordiale est alors foncière : comment réorganiser l’espace ? Pour la Région, il sera indispensable de libérer les terrains occupés par des activités historiques en déclin pour y implanter les nouvelles activités en phase avec les objectifs de décarbonation.

L’orientation stratégique est alors la suivante :

  • Favoriser sur foncier portuaire l’implantation des industriels et acteur.ice.s de la propulsion bas carbone, des carburants alternatifs et des EMR ;
  • Développer le secteur des énergies alternatives au pétrole.

L’emploi et l’attractivité des métiers reste un enjeu quotidien dans tous les secteurs du transport, de la logistique et de la supply chain. Pour y répondre, Bretagne Supply Chain et l’AFT ont lancé le projet Let’s GO.

« Se positionner en pointe sur les transitions » : la fonction des ports comme support

Ce troisième axe a pour ambition d‘anticiper les grandes mutations et d’accompagner l’économie du territoire. La Région Bretagne souhaite assurer l’adaptation des ports mais également saisir les opportunités qui permettront les transitions.

Parmi les filières dont les mutations sont essentielles, on peut par exemple retrouver :

  • L’industrie agro-alimentaire et plus spécifiquement la filière halieutique ;
  • Le développement du recyclage des déchets ;
  • La fréquentation des îles et l’impact du changement climatique ;
  • La plaisance et la filière nautique.

L’orientation stratégique est alors la suivante : faire des ports des supports pour les filières et leur transitions et se placer comme accélérateur des changements.

Quelques actions concrètes sont déjà en cours dans les ports bretons comme la remise en route des voies ferrées entre les gares et les ports à Lorient, Brest et Saint-Malo ; mais aussi la desserte des îles bretonnes à la voile.

« Des ports exemplaires » : agréables, sûrs, durables et adaptés au changement climatique

Ce quatrième et dernier axe nous montre que les ports sont des lieux où l’innovation collective est possible et souhaite les placer à l’avant-garde dans de nombreux domaines.

Avec le grand nombre de travailleur.se.s accueillis dans les ports, une exigence en matière de conditions de travail et de vie est requise. Cela amène aussi des infrastructures plus sûres avec des équipements en bon état.

Pour gérer ces infrastructures, un objectif est également de mettre en place une méthode de gestion patrimoniale durable. L’entretien et la modernisation des ports est aussi l’opportunité de concevoir une stratégie d’adaptation au changement climatique. Cela permettrait aussi un maîtrise assidue des consommations énergétiques et en eau.

Enfin, ces ports exemplaires seront aussi l’occasion de construire une interface ville-port de qualité : connexion aux chaînes de mobilités, cohérence avec l’urbanisme local et insertion dans le paysage. Cette interface pourrait également permettre d’explorer l’économie circulaire, un véritable gisement de création de valeur.

L’orientation stratégique est alors la suivante : s’engager dans les transitions à travers les ports bretons en travaillant sur les infrastructures, leurs organisations et leurs connexions avec la ville et les acteur.ice.s.

« La Région positionne ses ports en ambassadeurs de sa propre exemplarité dans le domaine social, de la qualité environnementale, de la maîtrise des consommations d’eau et d’énergie et de l’interface ville-port. »

Extrait de la Stratégie portuaire régionale 2023-2033

Un cap commun pour faire face aux enjeux logistiques

Cette stratégie portuaire est l’occasion de se saisir une nouvelle fois les enjeux logistiques, de plus en plus nombreux depuis plusieurs années. Ces enjeux font l’objet d’améliorations, de transformations voire même de mutations dans les entreprises et infrastructures du territoire.

Pour les entreprises bretonnes, cette stratégie est aussi l’opportunité de repenser son transport de marchandises. Cependant, la perception du mode maritime breton ne joue pas à l’avantage des ports du territoire. Aujourd’hui, les ports du Havre et de Montoir-de-Bretagne sont encore privilégiés par les entreprises bretonnes.

Dans ce contexte, il devient alors évident de travailler sur la durabilité et la compétitivité des ports de Bretagne. Dans cette stratégie, la Région Bretagne jette ainsi l’ancre et se positionne en gestionnaire de cette vision sur 10 ans.

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