Publié le 13 juin 2023
Pour la deuxième année consécutive, une étudiante de l’IUT de Quimper a reçu le prix du meilleur mémoire transport logistique de l’AFITL. L’occasion d’interroger son autrice, Lucie Le Mouroux, et Marie Cornec, son ancienne tutrice de stage, sur l’importance des stages en entreprise. Au programme : « cohérence entre la formation et le terrain », « expérience professionnelle », « volonté de former la relève », « embrayage sur un emploi ou un remplacement » et » ancrage dans la réalité ».
Pour l’édition 2022 du prix du meilleur mémoire transport logistique de l’AFITL, Lucie Le Mouroux a gagné la 1ère place avec son rapport : « Comment le service exploitation-import organise la gestion des dossiers des clients qui importent des marchandises en provenance du monde entier ? »
Pour ce stage de fin de DUT Gestion Logistique et Transports, Lucie a choisi l’entreprise Bolloré Logistics. Elle a eu l’opportunité de travailler sur la prise en charge des dossiers du service import à Roissy.
Marie Cornec, sa tutrice pédagogique, enseignante d’anglais et chargée de l’accompagnement des étudiant.e.s dans le cadre de leur Projet Personnel et Professionnel, l’a accompagnée tout au long de ce stage. A partir de l’année prochaine, Marie sera en charge de l’alternance des 3ème années en BUT (Bachelor Universitaire de Technologie) : le nouveau format du DUT.
Ensemble, elles s’accordent à dire que les stages sont un véritable travail collectif, aux nombreux avantages pour tout le monde : les étudiant.e.s, les entreprises, les tuteurs et tutrices et l’IUT.
Bretagne Supply Chain : En tant qu’étudiante, que ressortez-vous des stages en général ?
Lucie Le Mouroux : Avant tout de l’expérience professionnelle. En formation initiale, nous sommes toute l’année en cours, ça change d’être sur le terrain. Nous apprenons aussi beaucoup mieux : il y a toutes les connaissances techniques, notamment les logiciels, dont on parle en formation mais nous n’y sommes pas directement confrontés.
Il y a aussi les opportunités professionnelles. Quand on fait un stage on se crée des contacts professionnels, on peut avoir des emplois saisonniers par la suite ou faire des remplacements. Ça montre que quand ça se passe bien dans l’entreprise, ils ont envie de nous recevoir après !
D’un point de vue personnel, c’est aussi la découverte des métiers et des fonctionnements d’activités. On entend parler des « agents de transit » mais on ne sait pas exactement comment ça fonctionne, leur service, leur organisation. Et être en entreprise, ce sont des applications concrètes de connaissance : par exemple les Incoterm, rien que cette notion a été compliquée à comprendre en IUT mais à force de voir à quoi ça servait concrètement sur le terrain ça m’a aidée.
BSC : Et pour l’IUT, quelle est la mission des stages en entreprise ?
Marie Cornec : La spécificité des stages en IUT c’est le lien direct avec le terrain et avec les entreprises. Sur le cœur de la formation, il faut aller voir comment ça se passe. Tout cela permet de garder une cohérence entre la formation et le terrain, et faire des ajustements sur les programmes si besoin.
« On peut compenser en cours avec des jeux de simulation d’entreprise, des situations d’apprentissage qui prennent des scénarios de la vie professionnelle. Cela permet d’avoir un aperçu de ce que c’est l’entreprise.
Mais c’est quand on va en entreprise, en situation réelle, que les compétences et les connaissances prennent leur place et commencent à s’articuler. »
Marie Cornec, professeure d’anglais à l’IUT de Quimper
BSC : Comment se passe la demande d’un stage à une entreprise en tant qu’étudiant.e ?
L.LM : J’ai eu plusieurs refus parce que les entreprises répondent souvent « 8 semaines ce n’est pas assez », « 8 semaines c’est trop », ou encore « les missions ne sont pas adaptées ».
Alors pour ce dernier stage à Roissy, j’ai beaucoup parlé du fait que je cherchais un stage à mon entourage, puis eux au leur. Et dans cet entourage il y avait quelqu’un de chez Bolloré Logistics ! Il a proposé de passer mon CV au service import de Roissy et j’ai été retenue.
Pour la 1ère année de DUT, c’était différent. J’avais candidaté en logistique hospitalière en déposant mon CV dans des hôpitaux et cliniques. On m’a recontactée en 2-3 jours ! Ils n’avaient pas eu de stagiaires depuis longtemps, il y avait un besoin d’automatiser les inventaires et peu de candidats stagiaires. J’ai été prise en moins d’une semaine.
BSC : Et quelles sont aujourd’hui les relations IUT-entreprise dans le cadre des stages ?
M.C : A l’IUT, beaucoup d’entreprises nous sont fidèles chaque année. On essaime pas mal, ça fait bientôt 50 ans qu’on diplôme. Ces entreprises évoluent beaucoup et ont donc toujours des choses à proposer.
Il y a les entreprises qui vont systématiquement prendre des étudiant.e.s de 1ère année. C’est une volonté de former la relève de demain, sans forcément proposer une mission précise mais plutôt de la découverte. Il y a des entreprises qui nous contactent avec un besoin spécifique, et qui feront donc plutôt appel à des étudiant.e.s de 2ème année. Il y a aussi un gros réseautage avec les anciens élèves.
Mais nous avons aussi des stages originaux : hospitalier, militaire, festivals (et il y en a beaucoup en Bretagne!) mais également Disneyland, Roland-Garros ou en Corse ! Au cours de leur formation, les étudiant.e.s ont des temps de veille informationnelle sur les sites d’offres d’emploi, ils tombent parfois tout simplement au bon moment et trouvent des entreprises parfois inédites.
En général, quand un stage se passe bien, le lien perdure.
BSC : Aujourd’hui la formation DUT en 2 ans devient BUT en 3 ans. Quels changements pour la professionnalisation des étudiant.e.s ?
M.C : Concernant les stages, le format est resté le même sur les 2 premières années. Mais aujourd’hui, la 3ème année permet d’ajouter une année d’alternance à la suite des deux ans de formation.
Cela fait entièrement sens pour la professionnalisation des étudiant.e.s. On peut aussi développer des sujets spécifiques sur la 3ème année, comme le Lean. La formation évolue avec le temps, tout comme les besoins des entreprises sur le terrain.
Les entreprises autour de nous étaient vraiment en attente depuis longtemps de cette fameuse formation en alternance. Le délai de 8 semaines pour une mission peut être assez court, il y a souvent un goût de « trop peu ».
Nous recevons déjà pas mal d’offres d’alternance, les entreprises sont vraiment parties prenantes. Et maintenant, à la suite des stages de 2ème année, les étudiant.e.s pourront embrayer sur un emploi saisonnier, un remplacement ou une alternance !
BSC : Avec ces nouvelles tendances entre formations et emplois, comment se tenir au courant de toutes ces évolutions ?
M.C : Il y a les stages et notre réseau d’entreprises, comme échangé précédemment, mais il y a aussi BSC pour le coup ! L’échange se fait aussi grâce à des rencontres et sur des évènements. Let’s GO par exemple permet vraiment le réseautage. Nous pouvons parler des nouvelles tendances, avoir des idées de partenariats entreprises ou rencontrer de nouveaux intervenant.e.s extérieur.e.s.
A l’IUT, nous sommes à peu près à 30% d’intervenant.e.s professionnel.le.s qui viennent d’entreprises. Cela permet de garder un ancrage dans la réalité.
Le but final est de faire évoluer la formation et le programme au plus près des entreprises.