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L’emploi logistique en Bretagne aujourd’hui. Et demain ?

Publié le 3 avril 2019

Le sujet était à l’ordre du jour de l’Assemblée Générale extraordinaire de Bretagne Supply Chain le 18 octobre dernier. L’INSEE et la DREAL Bretagne ont dévoilé un travail partenarial sur l’emploi de la logistique bretonne. Un document éclairant qui valorise l’importance de nos métiers sur la région et qui pose les bases d’une nécessaire réflexion pour l’avenir. Revue de détails des principaux résultats…

Avec le développement et la diversification des échanges, sur une échelle territoriale élargie, voire mondialisée, la logistique constitue l’un des ressorts de l’activité économique. En Bretagne, la logistique contribue largement au développement économique régional. En raison de la situation géographique de la région, plus en retrait des grands corridors d’échanges, la logistique y répond plus qu’ailleurs à la demande locale.

La logistique, oui, mais de quoi parle-t-on ?

Dans leur étude, la DREAL Bretagne et l’INSEE se sont basés sur la définition fournie par l’Aslog, à savoir « l’ensemble des activités ayant pour but la mise en place, au moindre coût, d’une quantité de produit à l’endroit et au moment où la demande existe ». La logistique organise et réalise ainsi l’acheminement des produits jusqu’au consommateur.

À l’origine dédiées au transport de marchandises, les fonctions logistiques se retrouvent aussi dans l’industrie et les services. Cette spécificité, l’INSEE et la DREAL Bretagne l’ont intégrée pour prendre en compte l’emploi logistique en liens avec « les établissements de la logistique » mais aussi les fonctions logistiques qui irriguent l’ensemble de l’appareil productif, notamment dans les secteurs du commerce et de l’industrie.

En intégrant l’ensemble de ces emplois, il ressort de l’étude que la Bretagne compte 64.400 salariés exerçant un métier de la logistique à fin 2014, répartis à 60% dans le compte propre et 40% dans des établissements de la logistique (intégrant les fonctions supports). A ce chiffre s’ajoutent 7 000 emplois en équivalents temps-plein (ETP) en intérim.

Au niveau régional, les emplois de la logistique représentent ainsi 7% de l’emploi salarié.

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Le transport routier en tête

En Bretagne, les métiers du transport, notamment ceux du transport routier, sont prépondérants, en droite ligne avec l’importance de la logistique terrestre. Dans la région, les conducteurs de véhicules routiers occupent la moitié (51 %) des emplois salariés des métiers de la logistique. C’est significativement plus qu’en France métropolitaine pour laquelle cette part s’élève à 44 %.

En 2014, 35 % des emplois des métiers logistiques bretons sont ainsi des conducteurs routiers et grands routiers. Avec 23 000 emplois, ils forment la première profession logistique bretonne. Viennent ensuite les conducteurs livreurs et coursiers (10.000 emplois / 16 %) et les magasiniers qualifiés (14 %).

L’IAA, pourvoyeur d’emplois logistiques

La part des emplois logistiques (hors intérim) dans l’ensemble des emplois est équivalente en France de province et dans la région (respectivement 6,0 % et 6,2 %). Cependant, ces moyennes masquent les spécificités sectorielles de l’économie bretonne, au premier rang desquelles figure la forte présence des industries agroalimentaires (IAA).

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En Bretagne, les IAA regroupent à la fois plus de salariés qu’en moyenne nationale mais aussi plus de salariés exerçant des métiers logistiques. Ces deux effets se cumulent et expliquent les écarts entre la Bretagne et l’ensemble des autres régions françaises. En 2014, les emplois des métiers logistiques des établissements des IAA représentaient 8,4 % de l’ensemble des métiers logistiques en Bretagne, soit deux fois plus qu’en France métropolitaine.

Une activité territorialisée

Dans certains territoires, comme le Centre-Bretagne les métiers de la logistique constituent un facteur de cohésion, en fournissant un vivier important d’emplois. Dans la région, la logistique est essentiellement terrestre. Le recours à la route est largement privilégié à celui du ferroviaire. Les entreprises logistiques bénéficient en effet d’un réseau routier assez dense et gratuit.

Les principaux établissements logistiques se situent dans le département d’Ille-et- Vilaine, porte d’entrée et de sortie de la région. Ils sont ainsi positionnés le plus souvent à proximité de l’axe Rennes-Vitré, voie rapide qui relie la région à l’Île-de-France mais aussi le long des axes reliant la région avec les Pays de la Loire et la Normandie, reflétant l’interconnection logistique entre régions.

D’autres établissements logistiques sont localisés à proximité des grands axes routiers de la région : notamment autour de Saint-Brieuc sur la RN12, près de Loudéac sur la RN164 et près de Vannes sur la RN165.

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Plus souvent peu qualifiés et moins rémunérés en Bretagne

En moyenne, comparé à la France métropolitaine, un salarié des métiers de la logistique gagne 1 € de moins de l’heure en Bretagne. La rémunération horaire brute moyenne s’établit ainsi à 14,4 € dans la région et à 15,4 € au niveau national. Cet écart de 1 € au sein des métiers de la logistique s’avère toutefois plus faible que celui enregistré pour l’ensemble des salariés pour lesquels la rémunération horaire brute moyenne en Bretagne (16,6 €) est inférieure de 2,2 € à celle de l’ensemble de l’Hexagone.

En Bretagne, 90 % des emplois des métiers de la logistique sont occupés par des ouvriers et des employés aux salaires souvent modestes, soit un peu plus qu’en France métropolitaine (87 %). En miroir, la part des cadres et des professions intermédiaires est plus faible dans la région. La structure des emplois des métiers logistiques bretons explique pour partie l’écart de rémunération horaire entre la région et le niveau national.

Largement masculins dans leur ensemble, certains métiers de la logistique se féminisent toutefois

En Bretagne comme ailleurs, 85 % des emplois des métiers logistiques sont exercés par des hommes en 2014. La Bretagne figure parmi les régions dans laquelle le taux de féminisation des emplois des métiers logistiques s’avère la plus faible. Dans la région, seuls quelques métiers sont significativement féminisés : ouvriers du tri et employés administratifs d’exploitation des transports de marchandises. Pour tous les autres métiers de la logistique, le taux de féminisation ne dépasse pas un tiers. En particulier, seuls 2 % des conducteurs routiers et grands routiers sont des femmes.

En Bretagne comme ailleurs, la féminisation des métiers logistiques a toutefois progressé au cours des dernières années. Dans la région, la part des femmes occupant un métier logistique a augmenté de 2 points entre 2009 et 2014.

Des salariés plus âgés

En Bretagne, les salariés des métiers de la logistique sont en moyenne plus âgés (42,5 ans en 2014) que ceux de l’ensemble des secteurs (41,4 ans). Seuls 14 % des salariés des métiers de la logistique ont moins de 30 ans alors que cette part s’élève à 19 % pour l’ensemble des salariés bretons. À l’opposé, la part des plus de 50 ans est plus importante chez les salariés de la logistique (30 %) que pour l’ensemble des salariés bretons (28 %).

En conséquence, des générations nombreuses de salariés de la logistique partiront en retraite dans les années à venir. Le renouvellement de cette main-d’oeuvre constitue donc un enjeu important pour les différents acteurs recourant aux métiers de la logistique dans le cadre de leurs activités économiques.

Une base pour l’avenir

Ce rapport n’est que la première étape des travaux qui seront menés par la DREAL et l’INSEE. A partir de cette photographie précise, il s’agira désormais dans les prochains mois d’envisager l’avenir, dans un contexte d’évolution rapide des métiers de la logistique : place croissante du numérique, plate-formes d’échanges entre chargeurs et transporteurs, difficultés croissantes de recrutement et nombreux départs en retraite prévisibles, place des nouvelles motorisations (GNV, électricité…)…