Publié le 3 avril 2019
L’AFT, avec le soutien de la DIRECCTE et de la Région Bretagne, vient de dévoiler les résultats d’une étude dédiée aux besoins en emplois, en compétences et en formations dans la logistique et le transport de fret en Bretagne. Bretagne Supply Chain vous propose de découvrir, dans une série d’articles, les principaux enseignements de cette étude. Focus ici sur l’emploi logistique sur la région.
Au travers de cette étude, l’AFT poursuivait trois objectifs : analyser l’emploi logistique sur le territoire breton, connaître les parcours professionnels et d’insertion à l’issue des formations logistiques et anticiper les mutations des empois et des compétences en logistique.
90.000 salariés
Premier constat de l’étude : en Bretagne, en comptant les emplois « supports » du compte d’autrui (c’est-à-dire les emplois non spécifiques au transport et à la logistique), l’AFT estime à plus de 90 000 le nombre de salariés employés chez des prestataires de transport logistique ou occupant un emploi associé dans les différents secteurs d’activité de l’économie bretonne. En 2015, près des deux tiers des prestataires transport-logistique étaient concentrés sur l’Ille-et-Vilaine et le Finistère et près de la moitié des emplois du compte d’autrui étaient brétilliens.
Le transport: un secteur particulièrement bien représenté
L’emploi des prestataires logistiques bretons pèse relativement moins dans l’emploi national que celui des prestataires de transport de fret : 2,9% de l’emploi national des premiers contre 5,5% pour les seconds. A titre de comparaison, l’emploi breton, toutes activités confondues, représente 4,4% de l’emploi national. L’AFT note cependant que le nombre de prestataires en transport de marchandises a reculé de 2% sur les dix dernières années en Bretagne et la spécificité « transport » de la région tend à reculer.
Compte propre vs compte d’autrui
Les professions spécifiques de la logistique et du transport de fret représentent 7% de l’emploi régional. Les emplois liés au transport de marchandises se concentrent dans le compte d’autrui (près de six salariés sur dix). En revanche, seulement 11% des salariés en logistique l’exercent dans le compte d’autrui.
On compte en Bretagne presque autant de salariés en logistique (près de 41 000) qu’en transport (un peu plus de 43 000), tous secteurs confondus de l’économie. L’augmentation du nombre de salariés des métiers de la logistique (+20% entre 2006 et 2013) ne s’est pas traduite par une poursuite de l’externalisation des fonctions logistiques : l’emploi des prestataires logistiques en Bretagne a continué de se contracter depuis la crise de 2009 (-0,9%) alors qu’il s’est redressé dans le reste de la France.
Des différences de qualification, de rémunération et de conditions d’emploi
Le transport fait globalement appel à des emplois qualifiés : 93% des emplois du secteur sont constitués d’ouvriers qualifiés (principalement des conducteurs routiers de véhicules poids lourds). A l’inverse, en logistique, 43% des effectifs de la logistique sont composés d’ouvriers non qualifiés (manutentionnaires, ouvriers du tri, de l’emballage, de l’expédition). Cependant, la logistique offre davantage d’opportunités d’emploi pour les cadres et professions intermédiaires que le transport de fret : les cadres, techniciens et agents de maîtrise représentent 17% des emplois logistiques contre seulement 4% des emplois du transport.
Des emplois pérennes et à temps complet
Autre constat fait par l’AFT, les contrats de travail sont largement à temps complet : 85% pour la logistique et 87% pour le transport. Les métiers du transport offrent des emplois relativement plus stables que la logistique avec 81% des salariés en CDI contre 64%. L’intérim est, lui, plus répandu dans la logistique : 18% du personnel logistique a un contrat de travail temporaire, contre 4% du personnel transport.
Les métiers du transport et de la logistique restent très sexués
En Bretagne, 16% des emplois du secteur sont occupés par des femmes (18% au niveau national). Pour le transport, les deux tiers des femmes sont conductrices livreuses, tandis que les deux tiers des hommes sont conducteurs routiers et grands routiers. Les femmes occupent plus fréquemment des métiers moins qualifiés que les hommes ; elles sont ainsi surreprésentées parmi les ouvrier(ère)s non qualifié(e)s sur tri, de l’emballage et de l’expédition (46% des femmes employées en logistique occupent ce métier, contre 23% des hommes). Les métiers d’encadrement restent moins féminisés en Bretagne que dans le reste de la France. A titre d’exemple : dans le transport, 18% des technicien(ne)s et agent(e)s de maîtrise sont des femmes, contre 27% au niveau national.
Une palette de métiers attrayants… pour peu qu’on les connaisse
La Bretagne dispose d’une large palette de formations de tous niveaux en transport et logistique. Pour l’AFT cependant, sa méconnaissance de la part du grand public, et les préjugés qui l’entourent, constituent un frein à l’attractivité des métiers et des formations.
L’enquête menée auprès de 212 sortants de formations logistiques en Bretagne (diplômes et titres professionnels de tous niveaux en logistique) révèle, d’une part que les choix d’orientation sont largement validés à l’issue de la formation (huit sortants sur dix estiment avoir été bien orientés), et d’autre part que les formations logistiques n’ont généralement pas été choisies par défaut. Plus d’un tiers des répondants se sont orientés vers une formation logistique d’abord par intérêt pour la discipline, une vocation qui est née suite à un stage de 3ème, à une journée portes ouvertes, à une première expérience professionnelle ou du fait de l’existence de modèles familiaux qui travaillent déjà dans le secteur.
Des formations qui conduisent largement à l’emploi
60% des sortants de titres professionnels étaient en recherche d’emploi avant leur formation logistique. Ils ne sont plus que 16% dans cette situation trois à cinq ans après leur formation. 65% de l’ensemble des répondants ont un emploi (six fois sur dix en CDI) et plus d’un sortant sur dix est en poursuite d’études. Toutefois, près de la moitié des sondés en emploi déclarent rechercher un autre poste : un emploi stable (en CDI), une évolution professionnelle, un travail plus intéressant…
Bretagne Supply Chain consacrera en 2018 une large part de ses activités à la thématique de l’emploi et des compétences logistiques. Si vous souhaitez être informés des travaux et y participer, n’hésitez pas à nous contacter.