Publié le 3 avril 2019
La métropole rennaise a adopté début avril son Plan Climat Air Énergie Territorial (PCAET). Faisant la part belle aux énergies alternatives, il vise un double objectif : diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre sur le territoire et assurer aux habitants un cadre de vie sain. Revue de détails des objectifs qui impacteront la logistique.
Le PCAET (Plan Climat Air Énergie Territorial) est une démarche de développement durable rendue obligatoire pour les intercommunalités par la loi de Transition énergétique pour la croissance verte. Celui que vient d’adopter le conseil de Rennes Métropole porte une double ambition :
- s’inscrire dans la trajectoire nationale de neutralité carbone en visant une division par deux des émissions de gaz à effet de serre par habitant en 2030
- permettre aux habitants, et en particulier les plus fragiles, de bénéficier d’un cadre de vie qui contribue à leur santé et bien-être.
« Notre PCAET a un niveau d’ambition très élevé« , a souligné le président de la métropole, Emmanuel Couet, « tant du point de vue des actions engagées que des moyens financiers mobilisés« . Ils représenteront 350 millions d’ici à 2030 pour plus d’une centaine d’actions programmées dans un plan comprenant une dizaine d’objectifs. « Nos deux plus gros chantiers portent clairement sur la rénovation énergétique des bâtiments et la mobilité« . Pour cette dernière, le PCAET prévoit notamment de réduire le trafic routier de 10% d’ici à 2030 et de développer le covoiturage et les transports en commun.
Le (bio)GNV, alternative soutenue par la Métropole
Au cœur de l’ensemble des mesures décidées, le GNV sort son épingle du jeu et la métropole y prend sa part. Elle a ainsi passé l’ensemble de son parc de camions de collecte des déchets (bennes d’ordures ménagères et camions grue) au GNV. Ce sont ainsi 41 véhicules qui ont été achetés avec une motorisation GNV en 2018 par Suez, en charge de la collecte. La conversion de ce parc important a permis la création d’une station GNV privée au Rheu. Fin 2018, c’est la société Tribord, en charge de la collecte des végétaux, qui a également passé sa flotte en bennes GNV ou électrique (3 véhicules) dans le cadre du nouveau marché.
Pour l’avenir, Rennes Métropole prend l’engagement de ne plus acheter de véhicules essence ou diesel dès lors qu’une offre permet de répondre aux besoins du service public. Ainsi, elle s’est notamment fixé pour objectif de développer une flotte bus 100% « propre » (électrique, gaz, hydrogène) à l’horizon 2030.
Orienter et accompagner le privé
D’après la Métropole, le passage d’une partie des véhicules au gaz naturel véhicule (GNV) ainsi que l’amélioration des moteurs thermiques devrait permettre de diminuer les émissions de CO2 par véhicule des poids lourds et des véhicules utilitaires légers respectivement de 20 et 30%.
Pour accompagner le développement de la flotte GNV, le Syndicat Départemental d’Energie d’Ille-et-Vilaine (SDE 35) porte, avec les autres syndicats d’énergie bretons, l’objectif de créer à l’échelle régionale un réseau de stations GNV accessibles aux poids lourds, mais également aux véhicules légers. Ce réseau doit permettre aux transporteurs de s’engager vers la conversion au gaz de leurs véhicules et ainsi réduire les émissions polluantes aussi bien lors des transports longue distance que lors des livraisons en ville. Dès 2018, le SDE35 a lancé des études de faisabilité de stations. Le calendrier prévisionnel prévoit les acquisitions foncières et le lancement des travaux dès le second semestre 2019 pour les stations de Liffré et Bédée, pour une mise en service début 2020. D’autres études de faisabilités seront également lancées sur les secteurs de Montgermont, Rennes Sud, Tinténiac et Miniac-Morvan.
La logistique urbaine doit devenir « durable »
Plus de livraisons diesel dans le centre-ville de Rennes et -30% de livraisons diesel sur le reste de la métropole à horizon 2030, mise en place d’une Zone à Faibles Emissions (ZFE), déploiement d’Espaces Logistiques Urbains… De nombreuses mesures, déjà évoquées dans le Plan de Déplacements Urbains (PDU) parus en début d’année, sont réaffirmées dans le PCAET. Le PDU posait ainsi comme objectifs :
- D’inciter à une logistique urbaine « plus durable » avec « 0 livraison réalisée en diesel » dans le centre-ville de Rennes en 2030
- De réduire, à l’échelle intercommunale, de 30 % les déplacements de logistique urbaine réalisés en diesel hors centre-ville de Rennes au profit de moyens plus propres
Pour y parvenir, le plan prévoit notamment :
- La réalisation d’un diagnostic des déplacements de marchandises à l’échelle de la Métropole
- L’élaboration d’une charte d’engagement, qui devrait permettre, à court terme, aux transporteurs volontaires de proposer une logistique propre tout en bénéficiant d’avantages (facilités d’accès au centre-ville…).
- Une restriction, à moyen terme, de l’accès au centre de Rennes pour les véhicules de livraison les plus polluants.
- Le déploiement d’Espaces Logistiques Urbains (ELU) et de plateformes logistiques de proximité. Des espaces fonciers permettant ce déploiement seront réservés et mis à disposition par la collectivité.
- Le test de relais colis automatiques sur l’espace public et dans certains équipements publics (stations de métro…).
- La mise en place d’aires de livraisons « dynamiques », réservées aux véhicules de livraisons et restituées au stationnement des véhicules particuliers le reste de la journée.
Renforcer le lien avec le territoire pour une alimentation de qualité
Autre axe de développement identifié dans le cadre du PCAET : la transition du système alimentaire pour développer les circuits courts. 2019 sera dédié à l’élaboration des grandes orientations avant un déploiement entre 2020 et 2022.
Parmi les axes de travail déjà identifiés qui pourront avoir des conséquences sur l’organisation logistique locale : la création d’une « filière lait bas-carbone », le programme « Terre de sources » pour développer la valorisation des filières de production locale, le développement, grâce au projet Breizh ALIM’, d’une boite à outils pour favoriser l’approvisionnement local en restauration collective ou encore un projet d’alimentation responsable pour l’approvisionnement des cantines des collèges et des restaurants administratifs…
Rennes Métropole entend aussi structurer et organiser une offre locale pour approvisionner les restaurants collectifs et commerciaux du territoire. Un accompagnement des producteurs en circuit court et de l’industrie agro-alimentaire sera déployé pour anticiper ces mutations : diversification des modes de production, outils de traçabilité, logistique…
Télécharger le Plan Climat Air Energie Territorial (PCAET) de Rennes Métropole
Télécharger le plan d’actions du Plan Climat Air Energie Territorial (PCAET)