Publié le 20 août 2020
Lors du dernier Conseil régional qui s’est tenu début juillet, le Conseil régional de Bretagne a voté sa feuille de route « hydrogène ». La Région va ainsi s’engager dans le déploiement de l’hydrogène « vert » et devrait lancer des appels à projets dès cette année. Revue de détails…
Fin 2019, la Région a adopté la démarche de la Breizh COP et, dans ce cadre, a validé les stratégies fondatrices sur lesquelles le territoire souhaitait s’engager, intégrant la question énergétique et climatique de la Bretagne. Le Conseil régional a souhaité décliner cet engagement à travers une feuille de route bretonne sur l’hydrogène « renouvelable » à l’horizon 2030.
Pour la collectivité, l’hydrogène « vert » présente des intérêts à la fois économiques et environnementaux. « La mise en place du développement d’une économie de l’hydrogène, représente une véritable opportunité économique ». « L’hydrogène renouvelable est un produit non importé, réduisant les ressources liées à son transport, réduisant donc aussi les risques liés à la dépendance pétrolière de notre continent. [Il] représente [aussi] de nouveaux débouchés pour certains secteurs d’activité ou de véritables repositionnements stratégiques pour d’autres secteurs en perte d’activité ou menacés par les futures réglementations ».
Côté environnement, les gains de l’hydrogène tiendrait à deux facteurs : « en termes d’atténuation du changement climatique et d’effet levier direct de réduction de l’empreinte carbone des émissions directes et indirectes liées à l’importation et la consommation d’énergie dans les secteurs du transport et de l’habitat » mais aussi « en termes de qualité de l’air, via l’absence d’émission de particules polluantes ».
Une étude menée en 2019 et portée par la Région, BDI et l’ADEME Bretagne, a permis de mettre en avant les avantages pour le territoire du déploiement de l’hydrogène « vert » et ses atouts :
- « L’hydrogène renouvelable peut jouer un rôle majeur dans le mix énergétique breton (valorisation économique des énergies renouvelables, diversification de leur usage en substitution des énergies carbonées) »
- « Différentes entreprises bretonnes notamment des industriels peuvent se positionner sur l’ensemble de la chaine de valeur »
- « La Bretagne dispose d’atouts territoriaux, et peut se positionner en leader notamment sur certains segments de la chaine industrialo-portuaire et maritime«
- « Plusieurs projets structurants sont en développement et positionneront la Bretagne comme un acteur important de l’hydrogène, en France et en Europe«
La Bretagne, région leader de l’hydrogène « vert » ?
A travers cette feuille de route, la Bretagne souhaite se positionner comme l’une des régions françaises leader sur le marché des applications de l’hydrogène renouvelable, « tant en termes de compétences détenues par ses entreprises que de diffusion des technologies et d’appropriation par les citoyens ». L’objectif poursuivi par la Région est de permettre la structuration et le développement d’une filière économique porteuse d’innovations et génératrice d’emplois nouveaux et/ou issus de reconversions industrielles.
Il s’agit également de répondre aux objectifs de la Breizh COP de réduction par 4 des émissions bretonnes de gaz à effet de serre à l’horizon 2050, de diminution de la part de carburants fossiles dans le domaine du transport, et d’intégration des productions énergétiques renouvelables et décarbonées en lien avec les technologies de stockage de l’énergie.
Pour la Région, les infrastructures portuaires seraient particulièrement propices au déploiement de l’hydrogène, la consommation d’énergie des activités sur site y étant importante et concentrée sur une aire industrielle continue. Cette concentration permettrait « d’imaginer la réussite de projets structurants autour de la production et distribution d’hydrogène, projets qui dépendent des volumes ».
Des objectifs ambitieux
La feuille de route fixe des objectifs ambitieux pour les prochaines années :
- 8 boucles locales hydrogène renouvelable et bas carbone réparties sur le territoire breton dans les 3 premières années d’amorçage pour tendre vers 400 véhicules en circulation en 2025
- 3 écosystèmes portuaires maritimes « hydrogène renouvelable » entre 2023 et 2030
- Une première flottille de 10 navires pilotes, à chaine propulsive électro-hydrogène pour la desserte de passagers, le cabotage de fret, la manutention et la pêche
- 2.800 véhicules d’ici 2030 (65% de véhicules utilitaires légers, 30% de poids lourds, 30% de véhicules particuliers et 4% de bus/cars) et 450.000 véhicules d’ici 2050.
- Un démonstrateur de production d’hydrogène offshore pour 2025
Pour y parvenir, le Conseil régional a ainsi décidé :
- La conversion progressive, à partir de 2022 et jusqu’en 2040, de l’ensemble de sa flotte de navires avec un objectif « zéro émission », avec, « à chaque fois que possible et pertinent », des chaines de propulsion utilisant l’hydrogène embarqué fourni à partir « d’hydrogène renouvelable ».
- La conversion d’une partie de sa flotte de véhicules terrestres, en particulier les cars interurbains diesel et les trains roulant en dehors des lignes électrifiées, en complémentarité de leur conversion au bioGNV et à l’électricité, « lorsque les offres commerciales seront disponibles et les infrastructures opérationnelles ».
- L’approvisionnement, dans les ports, les gares et les aéroports, en « hydrogène renouvelable » ou « bas carbone » des navires et stations d’avitaillement pour véhicules.
- Le lancement, à partir de 2021, d’appels à projets régionaux de recherches et d’innovations dans le domaine de l’hydrogène et, dès 2020, des appels à projets territoriaux publics-privés de boucles de productions et d’usages d’hydrogène renouvelable et bas carbone.
- La sollicitation de financements dans le cadre du programme opérationnel FEDER 2021-2027, le cofinancement ou le soutien aux projets de développement de l’hydrogène s’inscrivant dans des dispositifs de financements européens.