Publié le 15 juin 2020
Grâce au dispositif FRET21, les chargeurs peuvent réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et valoriser ces actions auprès de leurs parties prenantes. Revue de détails d’actions déployées par les entreprises engagées.
Optimisation des charges palettisées, réduction des trajets à vide, gestion mutualisée des approvisionnements, optimisation de l’affectation des productions et des clients, utilisation des modes alternatifs à la route, choix de transporteurs labellisés… Les actions pouvant être mises en œuvre par les chargeurs pour optimiser leurs transports et limiter les consommations d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre (GES) associées sont nombreuses.
Piloté par l’AUTF, l’Ademe et le Ministère chargé de l’écologie, le dispositif FRET21 a été créé pour aider les chargeurs à réduire les émissions de GES générées par le transport de leurs marchandises. Démarche volontaire, il permet à chaque donneur d’ordre :
- d’identifier les actions internes susceptibles d’être mises en œuvre pour réduire les émissions de GES liées aux transports
- de quantifier l’impact de la mise en œuvre de ces actions en termes de gains GES
- de valider la pertinence de ces actions et de se fixer un objectif de réduction
Des groupes tels que Seb, Carrefour, Renault, Coca-Cola, Hénaff, Isover, Orlait, Carambar, Chep ou encore Nestlé ont sauté le pas et se sont engagés volontairement à optimiser leur logistique pour limiter leurs émissions.
Retour sur les actions déployées par le Groupe Rocher, récemment engagé dans Fret21.
Yves Rocher : une optimisation des transports au cœur de sa Mission
Récemment reconverti en « société à mission » dans le cadre de la loi Pacte 2019, le groupe Rocher a rejoint le dispositif Fret21 en avril 2020. Pour l’instant, seuls les produits de la marque Yves Rocher sont concernés. Pour Sébastien Bellone, directeur transport du groupe, récemment interrogé dans un entretien mis en ligne sur le site du dispositif national, « Fret21 permet d’officialiser la démarche, de fixer des objectifs et également de disposer d’outils permettant de calculer objectivement le bilan carbone de nos transports ».
« Nous avons trois types de transport pour acheminer nos produits depuis nos trois sites industriels, situés à La Gacilly, dans le Morbihan : l’un concerne la livraison par route de nos 700 magasins en France. Un deuxième porte sur l’injection de nos produits par voie routière et maritime dans les différentes plateformes européennes (une cinquantaine de sites logistiques, de toute taille). Le dernier concerne la distribution B-to-C, pour laquelle nous utilisons les services de La Poste », décrit Sébastien Bellone.
Entre mix multi-énergies…
Le groupe multiplie les initiatives et vise une réduction à trois ans de 6% des émissions de gaz à effet de serre liées au transport de ses marchandises.
Le groupe vise notamment à diversifier ses sources d’énergies, pour atteindre 25% de la flotte roulant en énergie propre. L’entreprise a ainsi mis en place deux tracteurs électriques pour les flux inter-sites. Pour les flux régionaux en Bretagne et en Ile-de-France, c’est le BioGNV qui a été retenu, avec, en prime, la construction envisagée d’une station dédiée d’ici 2021. Le biocarburant Oleo100 aura aussi sa place pour les plus grandes distances, ainsi que sur une partie du parc inter-sites. Enfin, pour les très longues distances (au-delà de 800 km), le GNL viendra compléter le tableau.
D’autre part, les appels d’offre se font désormais auprès de sous-traitants engagés dans le dispositif Objectif CO2.
… et optimisation des flux
L’organisation des flux inter-sites a aussi été revue pour lisser les entrées et les sorties de marchandises entre les différents sites sur une période de 16 heures. La diminution du nombre de semi-remorques de débord servant le stock tampon a également été prise en compte.
L’optimisation des chargements des camions a également permis à l’enseigne de réduire le nombre de véhicules en partance pour l’Allemagne. Alors que cinq camions prenaient chaque semaine la route, il n’y en a plus que trois désormais, grâce notamment à un aménagement double-palettes.
L’entreprise a également revu son organisation en chargeant une partie de ses conteneurs maritimes depuis le port de Montoir, en lieu et place du Havre. « Certes, les expéditions y sont moins fréquentes et il nous faut dès lors caler nos départs depuis les entrepôts de façon plus précise, reconnaît Sébastien Bellone. Mais le port de Montoir est à 200 km aller-retour de La Gacilly, quand celui du Havre en est à 600… ».
L’investissement lié à ces actions « est en parfaite cohérence avec l’engagement pris par les dirigeants du groupe depuis longtemps », souligne Sébastien Bellone à Fret21. « Le transport n’avait jusqu’à présent pas bénéficié des mêmes attentions que les produits de la marque. C’était logique puisque cela ne faisait pas partie du cœur de métier d’Yves Rocher. Mais ce n’est désormais plus le cas. Nos équipes doivent désormais elles aussi s’investir dans cette démarche et rendre compte de l’avancée de ses projets tous les mois auprès de la direction RSE ».
Chargeurs : engagez-vous !
L’engagement dans le dispositif FRET21 permet aux entreprises volontaires de disposer d’outils leur permettant d’évaluer et de suivre leurs émissions et les résultats des actions engagées :
- Un catalogue de fiches actions
- Un outil de suivi qui fournit la somme des économies de CO2 engendrées par les différentes actions menées
- Une calculette qui permet la valorisation des gains en CO2 liés à la mise en œuvre d’une action
Les actions sur lesquelles les entreprises peuvent travailler au travers de FRET21 sont réparties autour de quatre axes complémentaires :
- « Taux de chargement » (optimisation des charges palettisées, des conditions de livraison, réduction des trajets à vide, gestion mutualisée des approvisionnements, écoconception…).
- « Distance parcourue » (optimisation du positionnement des sites, de l’affectation des productions et des clients…).
- « Moyen de transport » (choix et optimisation des véhicules routiers, utilisation des autres modes).
- « Achats responsables » (sélection des transporteurs, choix de transporteurs labellisés…).
Une fois le plan d’actions défini, chaque entreprise volontaire est invitée à signer un accord avec l’Ademe dans lequel elle précise un objectif de réduction des émissions de CO2 et s’engage à mettre les actions retenues pour y parvenir et à suivre leurs résultats tout au long de la période d’engagement (3 ans). L’ensemble des chargeurs est susceptible de s’engager, quelles que soient leur taille et leurs activités.
Bretagne Supply Chain vous accompagne
Pour s’engager, les entreprises volontaires ont deux choix : constituer le dossier en interne ou être accompagnées par un prestataire référencé par l’AUTF et l’Ademe.
Dans le premier cas, l’entreprise bénéficiera d’un support technique léger mais doit s’assurer de disposer en interne des ressources à même de constituer son dossier avec un minimum d’aide extérieure.
Si elle souhaite disposer d’un accompagnement technique approfondi, l’entreprise doit sélectionner un prestataire externe référencé par l’Ademe et l’AUTF. Cette prestation peut aujourd’hui être réalisée par Bretagne Supply Chain et faire l’objet d’une subvention de l’Ademe qui peut atteindre les montants suivants :
- Petite entreprise (< 50 salariés, CA compris entre 2 et 10M€) : taux de cofinancement de 70% (subvention plafonnée à 3500€)
- Moyenne entreprise (< 250 salariés, CA compris entre 10 et 50M€) : taux de cofinancement de 50% (subvention plafonnée à 3000€)
- Grande entreprise (≥ 250 salariés, CA supérieur à 50M€) : taux de cofinancement de 40% (subvention plafonnée à 2800€)