Publié le 30 mars 2020
Grâce au dispositif FRET21, les chargeurs peuvent réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et valoriser ces actions auprès de leurs parties prenantes. Revue de détails d’actions déployées par les entreprises engagées.
Optimisation des charges palettisées, réduction des trajets à vide, gestion mutualisée des approvisionnements, optimisation de l’affectation des productions et des clients, utilisation des modes alternatifs à la route, choix de transporteurs labellisés… Les actions pouvant être mises en œuvre par les chargeurs pour optimiser leurs transports et limiter les consommations d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre (GES) associées sont nombreuses.
Piloté par l’AUTF, l’Ademe et le Ministère chargé de l’écologie, le dispositif FRET21 a été créé pour aider les chargeurs à réduire les émissions de GES générées par le transport de leurs marchandises. Démarche volontaire, il permet à chaque donneur d’ordre :
- d’identifier les actions internes susceptibles d’être mises en œuvre pour réduire les émissions de GES liées aux transports
- de quantifier l’impact de la mise en œuvre de ces actions en termes de gains GES
- de valider la pertinence de ces actions et de se fixer un objectif de réduction
Des groupes tels que Seb, Carrefour, Renault, Coca-Cola, Hénaff, Isover, Orlait, Carambar, Chep ou encore Nestlé ont sauté le pas et se sont engagés volontairement à optimiser leur logistique pour limiter leurs émissions.
Retour sur les actions déployées et les gains associés pour les chargeurs engagés.
Placoplatre joue à Tetris
Dans le cadre de FRET21, la société Placoplatre s’est engagée à mener quatre actions : le déploiement d’un logiciel d’optimisation des chargements, l’optimisation de la répartition des zones de production, le développement du rail/route pour la longue distance et la sélection de ses transporteurs parmi les signataires de la Charte « Objectif CO2 ».
Placoplatre est confronté à la complexification des gammes de produit livrés. Grâce à l’utilisation du logiciel TETRIS, développé spécifiquement pour maximiser le remplissage des camions multi-produits, le leader du plâtre et de l’isolation sur le marché français cherche à maintenir, voire à optimiser, le taux de chargement de ses véhicules 44 tonnes.
Depuis longtemps, le groupe a défini des zones de chalandises optimales pour minimiser la distance entre ses sites de distribution et ses clients. Aujourd’hui, l’entreprise investit de nombreux moyens financiers et humains pour ses usines, afin de mieux répartir la fabrication de ses produits sur le territoire et limiter ainsi les transports inter-sites. Le réajustement de la production de certaines plaques de plâtre spécifiques entre les différentes usines doit permettre de retirer de la circulation plus de 1.600 camions par an. Cela représente pour la filiale de Saint-Gobain une économie de 800 tonnes de CO2 environ par rapport à 2014, soit une réduction de 15% des émissions de CO2 liées au transport inter-sites de ses produits.
Engagé sur le report de ses trafics vers le rail, l’entreprise a aussi pris la décision de sélectionner préférentiellement les transporteurs signataires de la charte d’engagements volontaires de réduction des émissions de CO2 « Objectifs CO2 : les transporteurs s’engagent », voire ceux ayant obtenu le label associé.
Pour le groupe, son engagement dans le dispositif FRET21 était naturel. « De l’extraction des matières premières à la distribution des produits finis, Placoplatre agit en tant qu’industriel responsable et porte une attention toute particulière à l’impact environnemental de ses sites, de ses transports et de ses infrastructures supports. FRET21 s’inscrit donc parfaitement dans la politique de développement durable de l’entreprise qui a fait de la préservation de l’environnement une priorité majeure. Il est le prolongement naturel d’une démarche initiée depuis plus de vingt ans pour limiter l’impact environnemental de ses activités. »
Fleury Michon : formation et optimisation
De son côté, l’ETI agroalimentaire a formé 100% de ses chauffeurs salariés à l’éco-conduite permettant de diminuer significativement la consommation de carburant. Fleury Michon a aussi mis en place le programme « Optital ». Objectif : optimiser le remplissage des camions grâce aux demi-palettes, ce qui lui a permis de réduire de 8% les volumes transportés.
SCA : optimisation logistique et ferroviaire
De son côté, SCA, leader européen des produits d’hygiène, s’est engagé très tôt dans le dispositif. Le groupe, connu pour ses marques Demak’Up, Lotus, Nana, Okay, TENA ou encore Tork, a fait ainsi partie des dix primo-signataires de la charte FRET21. Toutes les divisions de SCA en France participent à la mise en place d’actions de réduction des émissions de CO2 dans le transport :
- Réduction du nombre de trajets réalisés, grâce à l’optimisation des tailles de commandes et du remplissage des véhicules
- Réduction des distances parcourues, par l’optimisation du stockage des produits, réduisant les besoins en navettes vers des stockages externes
- Travail sur les spécifications produits, avec notamment des formats compressés comme l’essuie-tout « Okay Compressé ».
- Massification des commandes clients par cross docking. Objectif : regrouper dans la commande de ses clients des flux provenant de différentes unités de productions en Europe. Choisies géographiquement de façon optimisée, les plateformes permettent de massifier les flux et également d’éviter des transferts inter-usines.
- Développement du transport multimodal (route/rail), pour les flux internationaux.
SCA utilise notamment le rail pour l’importation de produits d’Italie vers certains clients français, et pour le transit depuis le Benelux vers l’Espagne. Pour les importations vers la France, le groupe effectue une approche longue distance en wagons depuis l’Italie jusqu’à deux entrepôts situés en France. Ces produits sont ensuite transbordés dans des camions pour effectuer le reste du trajet par la route. Pour certaines productions effectuées dans certains sites industriels d’Europe du Nord, et destinées au marché Espagnol, SCA privilégie l’utilisation de l’autoroute ferroviaire Perpignan-Bettembourg. Cette organisation permet de limiter le transport routier aux premiers et derniers kilomètres.
Pour Marc Sanchez, Président de SCA en France, « la responsabilité sociale et environnementale fait partie intégrante de l’ADN de SCA. En atteignant 80 % de nos objectifs de réduction de CO2 dans les transports, deux ans avant l’échéance fixée, nous nous inscrivons dans la tradition de respect de l’Homme et de la Nature du Groupe SCA. Le respect des engagements pris et l’investissement dont nous témoignons dans le cadre du programme FRET21 démontrent que notre entreprise demeure en quête permanente de performance et d’amélioration dans ce domaine. »
Air Products : des semi-remorques plus légères
Air Products est aussi une des entreprises à s’être engagées très tôt dans la démarche. Dans le cadre de FRET21, le fournisseur de gaz industriel a notamment refondu ses stratégies de création de tournées. Air Products a ainsi revu entièrement ses plans de transports pour les livraisons directes vers ses clients et dépositaires. Les zones de livraison ont été redécoupées, leurs fréquences adaptées à l’évolution des besoins de clients. Ce travail de fourmi a permis de réduire la flotte de 10% environ.
Autre action mise en œuvre par le groupe : l’adoption de semi-remorques plus légères. Les équipements sélectionnés sont environ plus légers de 2 tonnes qu’un véhicule standard. De fabrication autrichienne, Air Products est allé jusqu’à faire homologuer en France ces semi-remorques avec l’aide de son transporteur. Le poids étant le facteur limitant du transport de bouteilles de gaz, en adoptant des ensembles plus légers, il est désormais possible, soit d’économiser du carburant en transportant moins de poids (de 10 à 15%), soit de mettre plus de marchandise sur la tournée et ainsi de supprimer quelques camions sur la route (environ 1 voyage toutes les 10 navettes).
Chargeurs : engagez-vous !
L’engagement dans le dispositif FRET21 permet aux entreprises volontaires de disposer d’outils leur permettant d’évaluer et de suivre leurs émissions et les résultats des actions engagées :
- Un catalogue de fiches actions
- Un outil de suivi qui fournit la somme des économies de CO2 engendrées par les différentes actions menées
- Une calculette qui permet la valorisation des gains en CO2 liés à la mise en œuvre d’une action
Les actions sur lesquelles les entreprises peuvent travailler au travers de FRET21 sont réparties autour de quatre axes complémentaires :
- « Taux de chargement » (optimisation des charges palettisées, des conditions de livraison, réduction des trajets à vide, gestion mutualisée des approvisionnements, écoconception…).
- « Distance parcourue » (optimisation du positionnement des sites, de l’affectation des productions et des clients…).
- « Moyen de transport » (choix et optimisation des véhicules routiers, utilisation des autres modes).
- « Achats responsables » (sélection des transporteurs, choix de transporteurs labellisés…).
Une fois le plan d’actions défini, chaque entreprise volontaire est invitée à signer un accord avec l’Ademe dans lequel elle précise un objectif de réduction des émissions de CO2 et s’engage à mettre les actions retenues pour y parvenir et à suivre leurs résultats tout au long de la période d’engagement (3 ans). L’ensemble des chargeurs est susceptible de s’engager, quelles que soient leur taille et leurs activités.
Bretagne Supply Chain vous accompagne
Pour s’engager, les entreprises volontaires ont deux choix : constituer le dossier en interne ou être accompagnées par un prestataire référencé par l’AUTF et l’Ademe.
Dans le premier cas, l’entreprise bénéficiera d’un support technique léger mais doit s’assurer de disposer en interne des ressources à même de constituer son dossier avec un minimum d’aide extérieure.
Si elle souhaite disposer d’un accompagnement technique approfondi, l’entreprise doit sélectionner un prestataire externe référencé par l’Ademe et l’AUTF. Cette prestation peut aujourd’hui être réalisée par Bretagne Supply Chain et faire l’objet d’une subvention de l’Ademe qui peut atteindre les montants suivants :
- Petite entreprise (< 50 salariés, CA compris entre 2 et 10M€) : taux de cofinancement de 70% (subvention plafonnée à 3500€)
- Moyenne entreprise (< 250 salariés, CA compris entre 10 et 50M€) : taux de cofinancement de 50% (subvention plafonnée à 3000€)
- Grande entreprise (≥ 250 salariés, CA supérieur à 50M€) : taux de cofinancement de 40% (subvention plafonnée à 2800€)