Publié le 3 avril 2019
La supply chain voit aujourd’hui se développer un nouveau métier qui reste encore obscur sur bien des points : le « data manager ». Pour y voir plus clair, Bretagne Supply Chain a rencontré le Data Manager d’une importante entreprise agro-alimentaire.
Quel est le rôle du Data Manager ?
Je travaille pour une importante société multisite qui produit et commercialise des ingrédients pour le domaine agro-alimentaire. Le Data Manager doit recueillir, enregistrer et être garant de la qualité des données de base nécessaire au bon fonctionnement de l’entreprise, et principalement de son ERP (Enterprise Resource Planning). Aujourd’hui, je gère la création, la mise à jour et la péremption des données sur le périmètre des articles « produits finis », c’est-à-dire ce qui sort des usines. Cela intègre la création des codes articles et la gestion de l’ensemble des informations rattachées aux articles.
Nous intégrons aussi une activité de veille sur les évolutions réglementaires qui impactent notamment les questions d’étiquetage.
Quel est votre périmètre d’action ?
Le périmètre du data management se concentre autour de la gestion des données relatives aux articles produits finis, semi-finis, aux gammes et aux nomenclatures pour la production, aux prix de revient, aux articles ingrédients et consommables, aux fichiers clients et fournisseurs, aux tarifs ou encore aux accords commerciaux.
En quoi le métier de Data Manager est-il important pour l’entreprise ?
L’intérêt premier de créer une fonction Data Manager est d’avoir des données centralisées. Nous avons besoin d’énormément de données liées à l’identification, à la codification, à la qualité, au packaging (poids et dimensions des produits, des emballages et des palettes…), au commerce ou encore aux flux logistiques. Sur ce dernier point, cela permet de savoir quel produit a été fabriqué dans quelle usine et de suivre sa prise en charge tout au long de son parcours. Ces données sont très structurées et nécessitent qu’une personne dédiée les récupère, les intègre au système et vérifie qu’elles sont à jour en permanence.
Cette fonction présente-elle des spécificités dans votre société?
Notre marché est très réactif. La création de nouveaux produits doit se faire dans un délai très court, au contraire de la GMS pour laquelle la disponibilité des données articles peut être demandée trois ou quatre mois avant la commercialisation. Quand un client nous demande un nouvel étiquetage, il faut qu’il soit créé dans un délai très court.
Une telle gestion des données a-t-elle d’autres avantages ?
Par rapport au référentiel produits, cette gestion structurée permet aussi de déployer la GDSN (Global Data Synchronisation Network), c’est-à-dire le catalogue électronique. Les données liées à la qualité, à la composition des produits ou à l’étiquetage sont envoyées automatiquement à nos clients directs et se retrouvent aussi sur les sites de vente en ligne. Auparavant, ces données étaient envoyées par fichiers informatiques ou via des portails mais nécessitaient un renseignement manuel. Aujourd’hui, toute modification de l’information est automatiquement transmise au client, sans action spécifique. Notre client reçoit ainsi en temps réel l’ensemble des informations présentes sur l’étiquette. D’où l’importance d’avoir des données à jour et vérifiées.
En interne, tous nos logiciels utilisent les standards GS1 pour pouvoir communiquer vers l’extérieur auprès de nos clients, de nos fournisseurs ou de nos transporteurs.
Quel est le parcours pour devenir Data Manager ?
Les parcours pour accéder au poste de data manager sont très variés, ils peuvent résulter d’évolutions au sein des entreprises, ou de formations diverses ou de formations continue.
Dans quel cadre le poste de Data Manager a-t-il été créé ?
Le poste de Data Manager a été créé dans le cadre de la structuration du référentiel produits, qui était précurseur de l’ERP. Avant de mettre en place un ERP, il fallait que les données de base soient bien structurées. Les points clés du data management sont en effet la complétude et la qualité des données.
La fonction de Data Manager évolue-t-elle dans l’entreprise ?
Dès que la société perçoit l’intérêt du data management les fonctions de Data Managers qui étaient annexes ou réparties sur plusieurs personnes deviennent des postes à part entière.
Quel est l’intérêt que vous soyez directement rattaché à la logistique ?
La fonction de Data Manager fait effectivement partie du service Supply Chain, qui a besoin des données assez tôt lors du développent de nouveaux produits et doit être sûr d’avoir les bonnes données au bon moment.
Quel lien avez-vous avec les différents services de l’entreprise ?
Je travaille en collaboration avec les autres services notamment sur les données marketing, R&D, contrôle de gestion ou production. Je suis en contact permanent avec les différents services pour récupérer et valider les données. Le Data Manager est à l’interface de tous les métiers.
Comment a été perçue votre action au sein de l’entreprise ?
Au départ, mon action a plutôt été perçue comme un schéma venant changer les habitudes car il y avait des circuits préétablis de transmission de l’information qu’il a fallu restructurer. Les personnes avaient l’habitude de communiquer directement entre services. Par la suite les différents services de l’entreprise ont constaté l’intérêt que cette mission pouvait leur apporter au quotidien. Faire en sorte que l’ensemble des informations passe par le Data Manager reste un travail de tous les jours.