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Comment (re)développer le ferroviaire en Bretagne ?

Publié le 16 janvier 2022

La Région Bretagne lance une étude pour relancer le fret ferroviaire sur le territoire et donner les conditions d’un véritable report modal du transport de marchandises. Un travail qui doit aboutir à un plan d’actions concret et qui impliquera transporteurs et chargeurs. Les éléments de réponse sont attendus d’ici la fin d’année.

Une situation plus que préoccupante

Depuis plus de dix ans, la Région Bretagne, l’Etat et les autres acteurs publics ont multiplié les études et les initiatives visant à favoriser le développement du fret ferroviaire : études d’infrastructure de faisabilité pour des plateformes à Guingamp et Vitré, travaux sur les lignes de fret Auray-Saint-Gérand ou Vitré-Gérard, inscription dans les documents stratégiques, soutien financier au transport combiné… Malgré cela, « la situation de l’offre ferroviaire n’a cessé de décliner » reconnaît la Région. Alors que la part modale du ferroviaire en France atteint les 9%, seul 1% des tonnages de fret en Bretagne utilise ce mode. Depuis 2006, tous les indicateurs sont au rouge : baisse de 33% des volumes transportés, 23 installations terminales embranchées (ITE), dont 10 seulement génèrent du trafic, alors qu’elles étaient 93 il y a 15 ans, diminution par deux des lignes capillaires (seules quatre persistent).

Pour la Région, la force du transport routier tient aux raisons habituelles (un besoin de souplesse, de fiabilité, de service « porte-à-porte », qui place le transport routier au cœur d’une logistique à flux tendue…), mais aussi à des spécificités bretonnes qui en fait un mauvais élève au niveau national (caractère péninsulaire de la Bretagne, taille limitée des acteurs économiques, nature des marchandises transportées, gratuité du réseau routier, abandon de nombreuses lignes de desserte, difficultés à traverser « l’entonnoir rennais »…).

Pour la Région, tout n’est cependant pas perdu : « les secteurs et filières en lien avec le transport de marchandises se préparent à des transitions vers des modèles moins carbonés, allant plus dans le sens du développement durable et d’une démarche RSE, dans laquelle le recours au mode ferré aurait toute sa pertinence. Parallèlement, sur le plan économique, les acteurs du secteur s’attendent à une baisse de la compétitivité du routier, entraînée notamment par l’augmentation du prix des énergies fossiles et la pénurie des conducteurs. »

Vers une stratégie régionale pour un redéploiement « pérenne » du fret ferroviaire

L’appel d’offres lancé aujourd’hui par la Région vise à sélectionner un cabinet conseil qui aura la charge, sur la base d’une identification des potentiels de développement du fret ferroviaire, de proposer une stratégie régionale accompagnée d’un plan d’actions, réaliste mais ambitieux, à mettre en œuvre. L’étude doit notamment permettre :

  • D’évaluer les infrastructures existantes pour la desserte fine du territoire et de déterminer leurs potentiels
  • De proposer des solutions pour surmonter la problématique de la saturation du nœud rennais
  • D’identifier les opportunités de développer l’offre ferrée depuis les ports bretons
  • D’émettre des préconisations pour remobiliser le tissu économique du fret ferroviaire
  • D’identifier les acteurs d’importance qui peuvent créer un effet d’entraînement et/ou fournir des flux suffisants à amorcer une ligne, et proposer une méthodologie pour les convaincre de s’impliquer dans le développement du fret ferroviaire
  • De fournir des éléments d’aide à la décision pour sélectionner les modèles juridico-financiers pour la gestion des services ferroviaires
  • De proposer des leviers d’incitation financière (certificat d’économie d’énergie par le transport, compensation du différentiel coûts/distances avec la route (« ferobonus »), subvention de l’activité du wagon isolé et/ou des travaux d’ITE…)
  • De détailler un plan d’actions permettant de réaliser concrètement une hausse du transport ferré : réactivation de plateformes ou de lignes, création de nouveaux sites, outils numériques, financiers ou organisationnels…

Réalisme, implication des acteurs et applicabilité des préconisations

Les résultats attendus par la Région devront être à la hauteur des questions posées : « Comment offrir une alternative au routier ? Comment donner de la pertinence au ferré ? Comment valoriser les flux transportés en Bretagne ? Comment permettre une massification des flux ? Quelles actions concrètes pour anticiper les évolutions prochaines des appareils productifs ? Quelles conséquences pour le transport routier avec la hausse attendue des carburants fossiles ? Quel impact environnemental du report modal de la route vers le fer ? Comment valoriser les gains environnementaux sur les plans commerciaux et économiques ? ».  

Pour y répondre, et conscient de l’inefficacité des actions menées jusqu’ici, la Région attend du cabinet conseil qui l’accompagnera « un grand réalisme dans la faisabilité notamment économique, dans les ambitions et dans les objectifs à atteindre », une implication de tous les acteurs (notamment en associant les chargeurs et transporteurs) et « une applicabilité réelle, une stratégie déclinable en actions concrètes, sur le territoire, auprès des entreprises ».

Pour la Région, la reprise de parts de marchés par le fret ferroviaire ne pourra se faire qu’avec l’implication de la totalité de l’écosystème logistique breton, des transporteurs aux chargeurs de toutes filières. « Le sujet relève une importance toute particulière en Bretagne, où le caractère périphérique de la région et son éloignement des grands axes d’échange européens entraînent des surcoûts pour les entreprises bretonnes qui grèvent leurs compétitivités. Si la baisse de l’offre ferroviaire, économiquement plus compétitive que le routier, devait se poursuivre, cela induirait même des risques de délocalisations et/ou de décrochage potentiellement irréversibles pour l’économie bretonne ». Des échanges avec les transporteurs et les chargeurs bretons seront organisés dans le cadre de l’étude et Bretagne Supply Chain y sera associé.

Les résultats sont attendus d’ici fin 2022.