Publié le 25 novembre 2020
Leader sur le marché des céréales bio pour le petit déjeuner, Céréco a rejoint le dispositif Fret21 début 2020. Engagés dans un programme complet de réduction des émissions de CO2 du groupe, Clément Barbier, Assistant Logistique et Etienne Pacaud, Responsable Logistique chez Céréco sont intervenus lors d’un atelier organisé par Bretagne Supply Chain. L’occasion d’échanger avec eux sur le dispositif et les actions déployées par le Groupe. Rencontre…
Bretagne Supply Chain : Pouvez-vous nous en dire plus sur le Groupe Céréco ?
Etienne Pacaud : Depuis maintenant 30 ans, Céréco est leader sur le marché de la fabrication de céréales pour petit-déjeuner 100% biologiques. L’entreprise a été créée en 1991 à Domagné (35) par Gérard Le Goff, un ancien exploitant agricole. Il était, et il est toujours, convaincu de l’essor de l’agriculture biologique. En 2009, Céréco a racheté la société Elcéa, un fabricant de flocons de céréales en Poitou-Charentes, puis Rouger Production, un fabricant de galettes de riz et de biscuits dans la Manche en 2010. En 2017, à son départ à la retraite, Gérard Le Goff a vendu Céréco au groupe Triballat-Noyal.
Céréco est connu au travers de sa marque originelle, Grillon d’Or, distribuée dans les magasins spécialisés, mais aussi Terres & Céréales, en vente dans les GMS depuis 1999. Le Groupe fabrique aussi des céréales bio pour le petit-déjeuner sous marques de distributeurs. L’activité du groupe se divise donc en deux marchés distincts : les magasins spécialisés bio pour 43% du chiffre d’affaires et les GMS pour 54%.
Notre chiffre d’affaires a suivi la mouvance du bio et est en croissance depuis l’origine. Gérard Le Goff a commencé l’aventure seul avec un employé et, en 2019, nous étions 187 sur l’ensemble des trois sociétés.
B.S.C. : Céréco est donc engagé depuis son origine dans une démarche responsable…
E.P. : Céréco s’est construit autour de valeurs fortes de solidarité, de savoir-être. Notre phrase identitaire résume ce que nous sommes collectivement : « Ensemble, cultivons le plaisir de la bio durable ».
En 2015, nous avons souhaité être labellisés « bio-entreprise durable » pour mettre en avant notre engagement RSE. Jusque-là, notre démarche visait à mettre en avant les actions déployées depuis l’origine dans l’entreprise : l’emploi, l’équité homme-femme, les valeurs humaines, le développement des gammes familiales et du vrac, le recyclage de nos déchets, l’écoconstruction de nos bâtiments, la préservation des espèces agricoles ou encore l’origine française de nos céréales. Il ne manquait plus que le transport. Etrangement, nous n’avions jamais pris soin d’étudier l’impact de la distribution de nos produits sur l’environnement.
B.S.C. : Comment le transport est devenu une priorité au sein de Céréco ?
E.P. : Chez Céréco, nous avons porté nos efforts sur la production, le développement de nos produits et de notre savoir-faire. Mais nous n’avons jamais vraiment étudié la manière dont nous distribuions nos produits. Il y a deux ans, j’ai fait appel à Clément, en alternance pour son Master Supply Chain Achats, pour qu’il puisse faire un audit de nos transports et qu’il étudie les solutions pour optimiser à la fois notre « dépense transport » mais aussi notre impact environnemental.
B.S.C. : Comment le dispositif Fret21 s’est-il imposé pour accompagner cette démarche ?
Clément Barbier : Comment le disait Etienne, sur ma fiche de poste, il y avait la remise à plat de l’activité transport mais également l’étude de solutions transport moins impactantes pour l’environnement. Report modal, optimisation… : toutes mes idées, je les retrouvais dans Fret21. J’avais le choix : soit je présentais directement mes idées à Céréco, soit nous profitions du cadre proposé par Fret21 et nous en faisions un projet d’entreprise.
B.S.C. : Quels sont les avantages apportés par Fret21 ?
C.B. : Fret21 permet de structurer et de piloter la démarche en globalité. Grâce aux outils proposés, nous pouvons mettre des actions en place et quantifier les gains en termes d’émissions de gaz à effet de serre.
E.P. : L’objectif de notre engagement n’est pas d’en faire un axe de communication. Nous avions la volonté de transporter mieux et Fret21 a été une opportunité pour cadrer le sujet.
B.S.C. : Comment sont gérés les transports aujourd’hui chez Céréco ?
C.B. : En 2019, Céréco a transporté 100 000 palettes (14 561 BL). Nous ne sommes pas maître de l’ensemble de nos transports. En approvisionnement, nous en gérons 23%, le reste étant à la main de nos fournisseurs. En distribution, nous avons aussi une grande partie de nos flux directement gérés par les distributeurs. Il nous reste ainsi 40% de la distribution à gérer, 10% en messagerie et 30% en affrètement.
B.S.C. : Quelles sont les actions qui ont été déployées dans le cadre de Fret21 ?
C.B. : Nous avons travaillé en premier lieu sur le taux de chargement, grâce aux techniques Mulitpick et Multidrop de la Gestion Mutualisée des Approvisionnements. Pour le Multipick, nous avons travaillé avec Triballat-Noyal pour identifier les synergies entre les deux activités et les flux sur lesquels nous pouvions mutualiser nos distributions ou nos approvisionnements. De la même manière pour le Multidrop, nous avons recherché parmi les clients pour lesquels nous gérions le transport, ceux qui pouvait être expédiés dans les mêmes camions. Cette action représente 3% de nos engagements dans le dispositif Fret21.
B.S.C. : Vous avez aussi revu l’ensemble de votre activité liée aux approvisionnements en avoine…
C.B. : En effet. Notre filiale Elcéa produit la majeure partie de notre ingrédient principal : le flocon de céréales. Les céréales (seigle, épeautre, blé, orge…), hors avoine, sont nettoyées et transformées chez eux. L’avoine représente des volumes très important et la capacité de production du site ne nous permettait pas de tout faire transformer chez Elcéa. Jusqu’à aujourd’hui, les coopératives céréalières envoyaient donc l’avoine brut chez des transformateurs européens, qui nettoyaient et transformaient le grain avant de le retourner vers Domagné. Pour compléter nos besoins, nous avions en complément des contrats avec des acteurs européens, en Suède, en Estonie ou en Espagne par exemple.
Nous avons décidé de supprimer toute cette partie « grain Europe » pour n’avoir que du grain français et de faire en sorte que l’ensemble des grains d’avoine passe par Elcéa pour être nettoyés puis transformés, avant d’être envoyés chez Céréco. Pour cela, nous avons contractualisé des volumes importants avec les coopératives françaises et nous avons triplé la capacité de production chez Elcéa. La modification de cette organisation logistique représente aujourd’hui 65% de notre engagement dans Fret21, en matière de réduction des émissions de CO2.
B.S.C. : Vous avez aussi décidé de vous intéresser au transport multimodal…
C.B. : Nous avons effectivement regardé quels étaient les flux clients qui pouvaient faire l’objet d’une modification du moyen de transport. Nous avons la chance d’avoir une ligne de transport combiné entre Rennes et Lyon et nous avons trouvé des clients éligibles pour ce mode de transport. Nous avons donc fait un report vers le mode ferroviaire pour des clients lyonnais.
E.P. : Au départ, la solution multimodale nous coûtait un peu plus cher mais si les industriels n’investissent pas dans le train, le mode ne va jamais se développer.
C.B. : En parallèle, nous poursuivons nos travaux sur les carburants alternatifs, notamment pour nos flux intersites.
B.S.C. : Comment travaillez-vous avec vos partenaires transporteurs ?
C.B. : Nous allons inviter nos transporteurs à s’engager dans le programme Objectif CO2. Nous allons regarder l’ensemble des autres labels avec les transporteurs.
E.P. : Nous allons leur demander de prouver les actions qu’ils mettent en place en termes d’environnement. Sur les prochains appels d’offre transport, nous allons prendre en compte leurs engagements environnementaux. Ce critère viendra s’ajouter au même titre que le service et le prix.
B.S.C. : Quel est l’objectif que Céréco s’est fixé en termes de réduction de CO2 au travers de ces actions ?
C.B. : Sur 2019, nos émissions de CO2 s’élevaient à 1445 tonnes, quasi uniquement liées au transport routier. Avec les différentes actions déployées dans Fret21, nous pensons pouvoir réduire nos émissions de 15%, soit 227 tonnes par an.
B.S.C. : Comment a été construit le projet en interne ?
C.B. : Nous avons constitué une équipe projet de 6-7 personnes en intégrant différents services, des approvisionnements aux ADV. Nous avons lancé le projet en septembre 2019 et il a abouti en mars 2020. Nous avons décidé de prendre le temps pour que chaque participant au projet, non spécialiste de l’activité transport, puisse se familiariser avec ces notions. Ça a aussi été l’occasion de mieux se connaître. En parallèle, nous avons intégré le responsable transport de Triballat-Noyal dans la discussion pour échanger sur leurs bonnes pratiques et envisager des actions communes.